GUILLEVIC, Ce sauvage

Guillevic-couv

Le poème
Nous met au monde.

(Art poétique)

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« La poésie est ce qui permet de tenir. Elle est en moi un courant vital, fondamental, qui agit à la façon d’un sixième sens et me met en communication avec les choses tangibles et non tangibles de ce monde. Pour un peu je dirais : avec l’essence de ce monde.» (Guillevic).

L’œuvre poétique de Guillevic (1907- 1997), reconnue en France comme l’une des plus originales de la seconde moitié du vingtième siècle, a poursuivi pendant des décennies un creusement persévérant de l’exploration de l’ici-maintenant d’un réel concret et palpable. Couronnée par le Grand prix national de poésie en 1984, son rayonnement est international.

La présente édition posthume de poèmes inédits, écrits dans les années quatre-vingt et réservés par le poète lui-même sous la mention « Ce sauvage », a été élaborée par Lucie Albertini- Guillevic.

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EXTRAITS DE CE SAUVAGE :

Il est une page blanche
Pas vierge d’écriture,
Mais avec de grandes marges.

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Il a assez vécu
Pour savoir vivre
Hors de son malheur.

* * *

Que tant de choses
L’habitent,
Il n’en revient pas.
Il se croyait
Beaucoup plus simple.

* * *

Je suis, répète-t-il,
Une eau
Que ne trouble même pas
Sa profondeur.

* * *

Il ne s’en veut pas
De n’en vouloir
À presque personne.

* * *

Rien ne le prédispose
À n’offrir que sa bonté
À ses poursuivants.

* * *

Parfois,
On le dit malin.
Lui pense
Ne relever
D’aucun adjectif.

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